Le jour s'en va, les petits s'en viennent. Prêt de la chute d'eau, comme à mon habitude, je me pose sur le rocher, et c'est sur ce même rocher que j'ai pu parler des heures à The Reason, mon bêta. C'est un endroit empli de souvenirs, de bons souvenirs. Mais par cette nuit sombre, rien de bon ne s'envisage. Le froid à prit le dessus sur la chaleurs, et je suis seule dans cette forêt. Le bruit de l'eau m'apaise un peu, mais je sent cette douleur que j'ai sentit temps de fois qui m'envahit peu à peu. En réalité j'ai creuser une tanière sous le rocher, c'est le seul endroit où je me sent vraiment bien. Les membres de ma meute le savent.

Il fait bien meilleur là où je me trouve maintenant, là où je m'apprête une nouvelle fois à donner la vie. Des vies qui seront de nouveau gâchées, encore et encore. La lignée des malheureux continue, et n'est pas prête de s'arrêter, ça non. Ce n'est que le début... Ces petits vont me pourrir la vie, je les détestes déjà. Dès le lever du jour, je les emmènerait à la plage, je les déposerait et j'attendrais que la marée monte. Je les regarderais commencer à s’étouffer dans le sable, puis la marée arrivera et ils seront emporté à tous jamais vers un nouveau monde.

Une. Une seule. Seulement une. Ma portée est composée de cinq chiots, dont une vivante seulement. C'est un rayon de soleil, MON rayon de soleil ! Personne n'y touchera. Alors que je m’apprêtais à les faire mourir dans d'atroces souffrances, mon instinct maternel s'est réveillé. Le froid est plus ardent que jamais, mais ma petite est robuste, aussi robuste que son père. Heureusement qu'il avait au moins cette qualité. Je la lèche sans relâche, elle doit vivre. Je l'attrape délicatement de mes crocs puis la porte à mes pattes antérieures, sous mon cou, là où elle aura chaud.

- Harper.

Je lui chuchote, c'est son nom. Il ressemble à "ardent". Elle vivra, elle le doit. Ses yeux sont encore clos et elle n'entend pas encore. Elle est encore si innocente, qu'elle en profite, les problèmes viendront bien assez tôt. Oui, guerre entre meute, conflit de camarade, froid, maladie, manque de gibier, mâles, tristesse et la liste est encore longue. Pour le moment c'est ma petite, rien qu'a moi.

Les feuilles à l'entrée de la tanière s'agite. Un coup de vent sûrement, mais rien de bien méchant. La nuit bien que très froide est calme, c'est parfait. Je lèche toujours ma petite et essaye de la réchauffer au maximum avec mon long et épais pelage. Je l'observe, les yeux empli d'amour et de fierté. C'est étrange d'en être fière sachant que si elle est là aujourd'hui, c'est "grâce" à un chien qui m'a attaquer. Mais j'aime cette petite, de tout mon coeur. J'ai hâte qu'elle entende, qu'elle comprenne des choses, que je lui explique des choses de chiens, que je lui apprenne l'art qu'est la chasse et je demanderais à The Reason de lui enseigner la pêche. The Reason, que va t'il dire en apprenant cette nouvelle ? Peut-être l'avait il déjà remarquer, mais bon.

Au fond de la tanière, près de ma queue touffue se trouve les quatre autres chiots morts, que j'enverrais sous terre dès que possible. Je me demande bien quand car je n'ai personne qui puisse surveillée ma petite Harper. Peut-être devrais-je boucher la tanière plus tard ? Je ne sait pas, pour le moment ce n'est pas ma première des occupations, surtout quand une voix s'élève.

- La vie est pleine de surprise.

A l'entrée de ma tanière j'aperçois une chienne, très fine et haute sur patte, elle est assise et attend je ne sait trop quoi. Par réflexe je me lève, laissant ma progéniture entre mes pattes et grogne. Je sauterais bien au cou de cette solitaire qui n'a rien d'autre à faire que me déranger.

- Que fait-tu là ?

Mon ton est agressif, je grogne, montre les crocs, oreilles droites prête à bondir au premier mouvement. Si jamais elle s'approchais d'Harper, elle finirait en morceaux !

La solitaire n'a pas l'air d'avoir peur, non, elle se couche, tout simplement. Elle m’observe, un sourire en coin. Elle me sort une réponse qui m'importe peu.

- Oh ! Je me suis perdue !

Vrai ou pas, je m'en fiche totalement, elle est assez grande pour retrouver son chemin toute seule. Elle n'a pas l'air méchante, je le sent. Je la trouve juste un peu neuneu et trop gentille, beaucoup trop. J'ai du mal à apprécié ce type de chien mais bon. Elle continue, toujours accompagnée de son sourire.

- Ne t'en fais pas, je ne vais pas croquer ton petit. Je ne suis pas sûre d'avoir une tête de tueuse en série

Je ne vais pas le croquer, je ne vais pas le croquer... Si elle savait ce qui m'est arrivée la dernière fois qu'on m'a dit "je ne te ferait aucun mal" elle s'abstiendrait peut-être. Mais son ton amusé et enjoué n'inspire en aucun cas la crainte.

- Dis-moi petite maman, comment-t’appelle-tu ?

Que ça m'énerve ces jeunes trop gentils ! Mais au fond, elle n'a pas l'air méchante. Je me détend, attrape ma petite dans ma gueule pour faire un tour sur moi même puis me recoucher. Je la dépose près de mes mamelles. Attirée par la forte odeur de mon lait, la petite gigote puis se met à téter. Au moins elle aura chaud et sera rassasiée. Une dernière léchouille suivie d'un petit coup de museau puis je tourne ma tête vers l'entrée de la tanière. Je ne sait pas si je doit répondre à cette jeune chienne, mais je vais le faire quand même.

- Je suis Raven, alpha Wild. Et toi, solitaire je présume ?

Le froid est toujours présent, le vent faisant bouger les arbres également. J'entend toujours la chute d'eau, j'aimerais tellement aller nager, mais cette pensée est ridicule. Il fait bien trop froid, de plus j'ai Harper à surveiller.
La chienne plisse les yeux, répétant le nom de ma fille. Elle l'observe toujours et à l'air intéressée. Je pense qu'elle réfléchit et se pose des questions. Peut-être se demande t'elle d'où vient le nom, je n'en sait rien. Soudain, sa question me fait frémir.

- Papa n'est pas là ?

Je me lève d'un bond, laissant Harper au sol. Je grogne et fait claquer mes crocs près de la gueule de Freyja. Cette question m'agace au plus haut point. De quel droit me demande t'elle ça ? Il n'y a que The Reason qui peut le savoir car j'ai confiance en lui.

- Le père ? Quel père ?! Ce n'était qu'un chien qui voulait procréer puis il est partit. Harper est le fruit de sa vengeance !

Je retourne au près de la petite et la replace près de mon ventre. Je reprend mon calme, mal gré que la chienne trop curieuse vient de m'énerver. Elle ne sera pas la seule à me demander où est son père, ni qui est son père. Une chose est sûre, c'est que jamais je ne parlerais de père à Harper.

Dans la nuit, on entendait de légères paroles. Une conversation de deux voix, qui semblait parvenir du fond d'une tanière. C'était le cas. Les voix résonnaient avec douceur, et même pour une oreille attentive, il aurait été difficile de comprendre ces palabres.

Les comprendre, oui, mais les entendre n'avait rien de sorcier ...

Au-dessus de la grotte, les arbres roux dansaient sous un ciel couvert. Le vent les frappait doucement, comme s'ils se balançaient au rythme d'une mélodie silencieuse. Les voix douces se perdaient dans une odeur lactée. Le calme et la solitude semblaient planer sur la forêt endormie. Raven, alpha Wild, qui venait de donner la vie. Freyja, solitaire, qui était parvenue jusqu'à elle. Elles se trouvent au fond d'une tanière. Vous vous trouvez là, toutes deux.

Il semblerait que vous ne soyez pas seules, alors qu'une de vos mâchoires claquait. Ce bruit dût l'attirer. L'ombre.

Cette ombre qui fendit l'obscurité. Des yeux brillèrent au reflet de la lune, mais elle n'était pas assez lumineuse pour éclairer la silhouette de l'inconnu. Même peu visible, il était évident qu'une masse se mouvait jusque la tanière. Des pattes fendaient la terre fraîche du soir. Une respiration s'éleva dans l'air nocturne. Un cœur battait. Quelqu'un, quelque chose approchait. Il était invisible, il ne se voyait pas dans le noir. Mais sa présence se devina à l'entrée de la tanière. Une plainte monta.

Chien ennemi ? Intéressé de la question ? Homme ? Animal ? Illusion, mirage ?

Soyez attentifs.