La nuit est tombée sur le territoire Fierce, lorsque je sors du camp pour m'en aller faire un tour un peu plus loin. J'ai toujours aimé me promener, tout seul. Non pas que je sois encore rattaché à mon ancienne vie de solitaire, mais le fait de prendre du temps pour soi me plaît bien. Cela me permet de réfléchir, d'élucider certains questions qui me rongent l'esprit. Comme par exemple, actuellement, "où est donc passé Asphalion ?". J'ai entendu dire, en plus de cela, que Reaven -l'Alpha Wild- avait lui aussi disparu mystérieusement... Peut-être pourrais-je en profiter pour monter en grade ? The Reason, le Bêta de sa meute, aura t-il lui aussi la même idée ?
Le bruit de mes pas résonne dans la nuit sombre, tandis que je me dirige vers l'est, vers le Château. Je me suis rendue récemment près du Lac, où j'ai croisé la route d'un solitaire. Et mon instinct me souffle que je vais encore rencontrer quelqu'un dans ce bâtiment.
Effectivement, alors que j'entame lentement mon avancée vers l'entrée du château, un jeune chien, plutôt maigre, me fait face. Il semble assez ouvert, pas très peureux. Un Leashed surement, d'après son odeur. J'étouffe un grognement lorsqu'il m'adresse la parole. Il a de la chance de ne pas faire partie des Wilds, je l'aurais réduit en miettes au premier regard.

"Ouais bonsoir, grommelais-je de ma voix toujours aussi aiguë que d'habitude.

Mon problème de cordes vocales, rendant ma voix si haut-perchée me fera toujours souffrir intérieurement. Agacé, je passe près du cabot et poursuit mon chemin, pénétrant dans le château sans lui adresser un mot de plus.

Mais alors que je pense pouvoir continuer ma petite promenade tranquillement, le Leashed m'aboie quelques paroles désagréables. Ma queue fouette l'air, et je m'arrête, au milieu de la salle principale du château. Ce cabot veut jouer au plus malin ? Il a choisi le mauvais adversaire.
Je me tourne vers lui, de mon air fier habituel, et lui rétorque d'un air moqueur :

"Tu ne t'es pas présenté non plus."

Ce chien me donne des leçons qu'il n'applique pas lui-même. C'est une chose que je n'apprécie pas du tout. Premièrement, je n'aime pas les donneurs de leçons qui se pensent meilleurs que les autres, mais j'aime encore moins les cabots hautains comme ce Leashed. Pourtant, sa meute ne me dérange pas le moins du monde. Celle que je n'aime pas, c'est la meute Wild, pas la sienne. Mais s'il continue de m'agacer avec des broutilles, je peux très bien mettre ma meute en guerre contre la sienne. Ou du moins nos deux âmes et corps personnels.

Le chien tout maigre semble légèrement gêné, et je ne peux m'empêcher de sourire intérieurement. Comme j'aime montrer aux autres qu'ils ont tord. C'est un des vastes plaisir d'un Bêta. Du haut de mon rang, je peux dire ce que je veux. Et grâce à la disparition d'Asphalion, j'accéderais prochainement au grade plus haut encore, ce qui me permettra de tout contrôler à ma guise.

"Farren. Leashed. La seule meute qui n'est pas en désordre en ce moment d'après ce qu'on dit..."

Je me retourne. De quoi parle ce cabot ? Ma meute est en ordre, tant que je suis à sa tête. Il peut bien parler, lui, un sale Leashed qui ne connaît même pas le mot hiérarchie. C'est sa meute qui est un vrai remue-ménage ! Pas moyen d'y trouver une seule poussière d'ordre. Alors que les Fierce, tout est dirigé méticuleusement. 
Farren me demande qui je suis, d'une manière très désagréable que je n'aime pas. Je réponds donc sur le même ton hautain et renfrogné à la fois, même si, comme d'habitude, ma voix aiguë gâche toute ma splendeur.

"Raja. Bêta Fierce. Prochainement Alpha."

Sera t-il impressionné ? Non. Et pourquoi ? Pour la simple raison que ce chien est un idiot, avec sa meute qui n'en est même pas une. Il fait seulement partie d'un groupe, d'une troupe, rassemblant plusieurs chiens. Cela me répugne d'appeler cela une meute, et je le fais bien sentir dans le regard que je lui jette.

Un vrai combat de regard s'engage alors. Toujours aussi agacé, je le dévisage, tandis qu'il me fixe avec un dégoût profond. Il n'aime pas les Fierce, cela se voit immédiatement. Pourtant, moi, je n'ai rien contre les Leashed. Ma dernière rencontre avec l'un d'eux ne date pas de très longtemps, c'était avec un chien prénommé Jesav. Il s'était montré très sympathique a mon égard. Mais ce Farren, qui m'a l'air d'être une sacrée peste, me montre bien depuis le début de notre rencontre, qu'il ne m'aime pas.
Il me demande alors où se trouve Asphalion. Je trouve cette question bizarre, presque autant que le fait qu'il connaisse le nom de notre Alpha. Ou plutôt ancien Alpha. Les babines plissés, la queue battante, je lui réponds du tac au tac :

"Partie pour un mission."

C'est faux, entièrement faux. Je n'ai aucune idée de l'endroit où il est allé. S'est-il enfui ? A t-il été capturé ? Raven, l'Alpha Wild, a lui aussi disparu. Leurs deux disparitions seraient-elles liées ? Dans tous les cas, il ne faut absolument pas que Farren apprenne qu'ils ne reviendront peut-être jamais. Sa meute a beau être pacifique, elle pourrait très bien s'allier avec les Wilds pour tenter de nous éliminer, ou inversement...

De plus en plus agacé, je décide de me calmer. Je n'ai pas envie de me battre ici, je veux simplement la paix. Silencieux, je m'assied, dans la poussière de la grande salle du château, les oreilles pointées vers le haut. Droit comme un I, je ressemble à un chien de garde. Et Farren en face de moi, à un squelette ambulant.
Tandis qu'un petit silence s'installe, je jette un regard autour de nous. La pièce est vaste, poussiéreuse, mais jolie. Certaines choses comme des meubles ou des vases sont brisées par terre, mais la plupart des objets semblent encore en place. Je cligne des yeux, et me tourne de nouveau vers le Leashed lorsque celui-ci s'adresse à moi, d'une manière plutôt pacifique.

"Tu étais où toi avant de rejoindre ta meute ?"

Qu'est-ce que cela peut lui faire ? Je grogne doucement, montrant mes crocs, puis me tait de nouveau, laissant le silence reprendre ses droits. Je réfléchis quelques secondes, plongé dans une profonde fosse de souvenirs et de tristesse, mais finis par répondre au cabot.

"J'étais solitaire. Ma mère est morte, mon seul frère survivant m'a quitté. Puis j'ai croisé les Fierce et je suis devenu Bêta. Et toi ?"

"Je vivait avec un humain mais je pense que tu devais t'en douter. Je suis resté solitaire un moment après le Grand Grognement puis j'ai fini par rejoindre les Leasheds."

Mon pelage se hérisse de dégoût. Farren était donc un ancien chien domestique ? Quelle horreur... Je fais la grimace, répugnée, la truffe plissée comme si son odeur m'indisposait. Ce chien est encore plus répugnant que ce que je ne pensais. Non seulement il prend son petit air hautain, mais en plus il était chien de bipède, chien en laisse ! Comment a t-il pu laisser un bipède le toucher... ?

"Pfff. Un chien de ta race ne pouvait être qu'un ancien chien domestique."

Ma réponse est amère, et je crache mes derniers mots sans cacher mon dégoût. Je dévisage le cabot de haut en bas, comme si chacun de ses poils me faisait frissonner, puis dans un geste royal me détourne, m'enfonçant un peu plus dans l'obscurité de la grande salle. Et dire que des humains ont habité ici... Farren est-il venu ici pour cette raison ? Comment peut-il encore être rattaché à ses bipèdes, après le Grand Grognement ? Cette catastrophe naturelle, comme certains l'appelle, est une aubaine pour ces chiens domestiques. De quoi recommencer une nouvelle vie, au sein d'une meute... Même si Farren n'a pas choisi la meilleure de ces meutes...

La réponse de Farren était attendue, et je m'arrête de marcher en soupirant. Décidément, impossible de me balader ici en paix. Ce Leashed fait tout pour m'énerver. Malheureusement pour lui, il me semble que si nous nous battons, nous connaissons déjà le vainqueur.
Le petit cabot me traite alors de "chien de garde", d'une voix plus qu'énervée. Je me retourne lentement, et le vois tout agacé, son pelage court hérissé partout sur son corps, ses petits yeux brillants de colère. Plus amusé qu'énervé par son comportement, j'incline un peu la tête sur le côté et lui sourit gentiment, ou du moins avec une mesquinerie cachée. 

"Hooooo, dis-je d'une voix encore plus aiguë que d'habitude. Le pauvre petit chien tout maigre est fâchéééé ? Ca ne m'étonne pas que les humains se sont occupés de toi. Ils sont si étranges... Tout comme toi. Tu as dû leur faire de la peine."

J'hausse les épaules avec moquerie, puis me met à rire, restant tout de même sur mes gardes au cas où il péterait les plombs. Mais un chien comme lui, ancien chien domestique, et désormais Leashed, serait-il assez idiot pour m'attaquer ?

[Si tu veux attaquer c'est ok, j'aimerais bien un ptit combat **]

La curiosité est un vilain défaut...

Farren feat. Raja

La tension montait. La nuit calme ne l'était plus tellement désormais. Tout mes muscle était tendus tandis que Raja se retourna lentement face à moi en me lançant un sourire mesquin ce qui attisa ma haine.

"Hooooo, dis-t-il d'une voix encore plus aiguë que d'habitude. Le pauvre petit chien tout maigre est fâchéééé ? Ça ne m'étonne pas que les humains se sont occupés de toi. Ils sont si étranges... Tout comme toi. Tu as dû leur faire de la peine."

La, c'était la goutte qui faisait déborder le vase. Il voulait le combat, ça se sentait. Et l'air était bouillant, comme si chacun de nous était sur le point d’exploser. Du haut de mes longues pattes fines, les muscle bandés, je lui lança :

"Ça parle trop ici. Approche donc ! Vient dont voir ce que le pauvre petit chien tout maigre est capable de faire..."

J'attendais son attaque. Saute moi dessus ! Lance le combat que je puisse t'arracher les yeux !

HRP:

Farren s'énerve, pour mon plus grand amusement. Dressé sur ses longues pattes de moustique, il me lance un défi. Veut-il combattre ? Apparemment oui. Je lâche un dernier petit rire malsain, avant de prendre une posture digne d'un Bêta Fierce comme je le suis. Le poitrail relevé, les oreilles bien droites au-dessus de ma tête, la queue dans le prolongement du corps... Mes yeux scintillent de malveillance. Tant pis pour cette brindille, il va se faire massacrer.
Sans le prévenir, je bondis en avant, et lui décoche un premier coup de griffes en pleine côté, avant de me reculer d'un bond rapide. Voilà qui entame le combat. Ce n'est pas grand chose, mais c'est suffisant pour l'handicaper. Car un Leashed comme lui aura besoin de toutes ses capacités physiques pour me vaincre !

Brusquement, Farren contre-attaque. Avantagé par sa fine taille, le cabot se glisse sous moi et me mords profondément la patte. Le sang coule, et je lâche un grognement furieux. Le Leashed commence alors a reculer, mais je l'intercepte de justesse et me dresse sur mes pattes arrières. J'attrape sa tête brune entre mes pattes avants et me jette sur le côté, l'entraînant dan ma chute. Nous frappons tous les deux contre le sol, et je profite de sa faiblesse de quelques secondes pour lui décocher une nouvelle griffure dans la côte, plus profonde que la première. Le sang coule, tout comme il coule de ma patte. Tous les deux couchés par terre, au beau milieu de ce château, ressemblons surement à des vieux tapis. Des tapis... Plus qu'agressifs. Chacun souhaite la douleur de l'autre. Farren car je me suis moqué de lui, moi parce que je n'aime pas les chiens hautains de son genre...

Farren est cependant avantagé par taille de guêpe, qui n'en même pas vraiment une puisque cette allumette a beau être maigre, elle n'en reste pas moins haute sur patte. Enfin bref, Farren est avantagé, et parvient à se libérer de mon emprise assez rapidement. Ne me laissant pas le temps de me relever, il m'envoie brusquement ses deux pattes en pleine face, et je lâche un grognement rageur lorsque le sang gicle de ma truffe. Ce petit imbécile a touché un point sensible. Même si mon point faible lui reste encore inconnu. 
La rage au ventre je me relève, et crache par terre le peu de sang contenu par ma gorge. Avec dégoût et colère, je regarde le Leashed. Il est essoufflé, fatigué, mais je sais qu'il a encore la force de se battre. Mes griffes raclent le sol, et je lâche un long râle cannibale avant de me jeter sur le cabot, le renvoyant rouler contre le sol.
Les yeux révulsés par la colère, je lui envoie un coup de patte dans la gorge, puis attrape une de ses pattes brunes entre mes mâchoires. Serrant de toutes mes forces, je le traîne sur quelques légers mètres, avant de serrer plus fort et de l'envoyer rouler dans la poussière, la queue battante. Je montre les crocs, rougis par le sang, et aboie rageusement. Il ferait bien mieux de se rendre au lieu de poursuivre ce combat perdu d'avance. Je vais finir par le tuer.