La nuit risquait d'être longue. Une pluie battante frappait le sol et résonnait sur mon crâne. D'habitude la pluie ne me dérange pas, mais je n'avais jamais connu une tempête de cet ampleur. Je lève le museau en cherchant un endroit où me mettre plus à l'abri. Je suis plaqué contre le tronc d'un arbre, je vous avoue que cela protège médiocrement. Je soupire et me faufile dans un buisson avant de sentir le bitume glacé sous mes pattes. Je m'empresse de traverser pour ne pas me faire renverser par une voiture, je me rappelle alors que les hommes ne sont plus. Ils ont disparu depuis un certain moment maintenant. Je souffle, ils ne me manquent pas spécialement car le seul que j'ai un jour connu m'a trahi, mais j'aimerais bien le revoir un jour. Peut être.

« - Qu'est-ce ... »

Cet aboiement rauque venait de derrière moi. Je fais volte-face avant de me trouver face à face à un autre pitbull, légèrement moins impressionnant que moi. Soit cette rencontre allait tourner en un combat de titans soit nous allions continuer notre chemin chacun de notre côté. Il était plus jeune, beaucoup plus jeune. Je ne lui donnais pas plus d'un an. Il était gris et ses oreilles et sa queue étaient coupées. J'arque un sourcil de stupeur face à sa carrure pour un si jeune âge avant de lui demander :

« - Je ne vous en veux en …
- Tais-toi ! C'est moi qui parle ici ! »

Je lâche un grognement. Encore un jeune garnement immature. Je lève les yeux au ciel avant de passer à côté de lui. Il me flanque un coup d'épaule, je me décale d'un pas. Il est bien plus impressionnant que ce qu'il contient. Un rire jaune m'échappe et je lui fous moi même un coup d'épaule. Il se met à glousser tel une pie. En moins de temps qu'il ne faut pour le dire, je me tourne et écrase le colosse de mes deux pattes avant. Il est immobilisé sur le dos dans une position de soumission. Je grogne, les crocs à découverts :

« - Écoute gamin, j'ai pas de temps à perdre avec tes conneries ! Trace ta route et va voir ailleurs si j'y suis »

Il fermait les yeux. Je le relâche et d'un coup de museau je le fais rouler sur le ventre. Je lui grogne un petit dégage très peu perceptible. Il se lève et trace sa route. Je suis désormais trempé mais également couvert de boue. Je me cale sous l'arbre d'où je venais avant de m'assoupir à nouveau, rêvant.

La faible lueur des rayons du soleil qui filtraient au travers des branches me réveillait. Je m'étire et reprends ma route en quête de nourriture. Je traverse la route et jette un coup d’œil dans les boutiques désertes. Tout a déjà été dévasté apparemment. J'entends un nouveau craquement derrière moi. Je me retourne discrètement, le bruit venait d'une voiture à la vitre brisée non loin de là. Je passe ma tête à la vite et aboie :

« - A qui ai-je l'honneur ? »

HRP: