L'air était frais ce matin là. Une brise soufflait doucement sur les oreilles de la petite. Couchée sur un carton, elle dormait. Elle s'était couchée la veille au soir près des autres chiens, mais ceux-ci étaient déjà partis. Elle était seule et eut un frisson. Ses yeux s’ouvrirent et elle observa les alentours. Lootzie se redressa et lécha ses pattes poussiéreuses puis se leva. Elle sentit une odeur inconnue. C'était un chien, c'était sûr, mais la petite chienne n'arrivait pas à en savoir plus à cause de l'odeur omniprésente de ses congénères.

Elle avança doucement, prudemment et sortit de la petite ruelle où elle avait passé la nuit. Elle scruta les rues à droites puis à gauches et tenta d'identifier où était l'autre chien. Lootzie tourna à gauche et se dirigea vers la place du village, là où il y avait la fontaine. C'était un intrus, il ne faisait pas partie des Leashed, ou plutôt elle, c'était une femelle. Une solitaire sûrement. La petite fut rassurée, cette chienne ne devait sans doute pas être ici pour les attaquer.

Lootzie s'approcha à pas de velours de la place et sa cacha derrière un bâtiment pour observer la chienne. Elle était en train de se désaltérer dans la fontaine. Elle était grande, toute noire. C'est quand elle se retourna que la petite vit qu'elle avait le ventre et les pattes blanches avec quelques taches marrons. Elle cru qu'elle avait été repérée, elle se cacha un moment, puis retourna observer l'intruse. Elle s'était assise, attendant sûrement que Lootzie sorte de sa cachette.

Tout doucement, Lootzie approcha, la queue entre les jambes. Elle n'était pas rassurée, mais elle prit sur elle, ses poils se hérissèrent sur son dos, et elle approcha de l'autre chienne d'un pas plus déterminé. Elle était sur ses terres, et elle avait beau être la plus jeune, il fallait qu'elle se défende.

« Qui es-tu et que fais-tu là ? Tu n'as pas le droit d'être ici, c'est notre terre, la terre des Leashed ! »

Sa voix tremblait, et malgré tous ses efforts, elle n'avait pas été très convaincante. De plus, en observant la chienne devant elle, elle vit qu'elle avait l'air seule et triste. Lootzie baissa la tête, ferma les yeux et s'approcha doucement de la chienne. Ses poils étaient retombés et elle se coucha près de la chienne solitaire. Lootzie était triste pour elle.

« Tu es toute seule ? Tu n'as pas d'amis ? »

Laïka. Solitaire, comme Lootzie l'avait deviné. Et anciennement domestique, comme la petite. La grande chienne avait l'air perdue, et semblait éternellement triste et malheureuse, et ça rendait Lootzie tout aussi malheureuse.

« Alors tu es triste. Moi aussi j'étais domestique, avant. J'aimais beaucoup ma maitresse, et elle me manque. Tous les Leashed étaient domestiques, alors on s'entraide. Ils sont très occupés, les meutes sauvages nous menacent et il faut bien nourrir toutes les gueules ! Il n'y a que moi qui m'ennuie. Ils disent que je suis trop jeune et trop faible... »

Elle se rapprocha doucement de Laïka car elle se sentait comprise, et un peu moins seule. Elle lui lécha doucement la patte en signe d'affection. Elle la regarda tendrement de ses beaux yeux bleus pleins de tendresse, celle d'un chiot.

« Et c'est pas grave que tu sois venue ici, ils ne t'en voudront pas, enfin je pense pas. Pas si je dis que tu es avec moi. »

Sa voix était douce. Elle sentait que Laïka n'était pas à l'aise, elle n'avait pas confiance, et Lootzie tentait de rassurer la grande chienne avec ses gentilles paroles.