D'ici, j'entends le grondement lointain des vagues qui viennent encore frapper les falaises de la côte. La mer, ou le Lac-Sans-Fin comme nous, chiens, aimons l'appeler, était pourtant un bel endroit pour se poser, pour méditer. Mais apparemment la nature en a décidé autrement. Un tsunami, voilà ce qu'ils nous offrent ; si peu de temps seulement après ce foutu incendie qui a ravagé nos terres. Un instant, je pense aux Wild. Déjà qu'ils ont du voir partir en cendres une bonne partie de leur forêt dans les flammes, alors si les vagues vont jusqu'à monter la côte, ils seront bien ! Mentalement, je me félicite que les terres Fierce se situent loin dans l'est, au moins nous sommes protégés. Enfin, pour l'instant.

Le soleil tape fort au-dessus de nos têtes ces temps-ci, alors je décide de partir du camp de bonne heure pour profiter un peu de la fraîcheur. Fraîcheur qui s'envole vite ... Il est encore tôt, le soleil est à peine levé, et midi semble encore loin. Je ne sais pas ce que je viens chercher entre les maisons en ruines qui composent notre territoire, peut-être la guerre, ce serait satisfaisant de tomber sur Raven, cela fait un moment que je ne l'ai pas vu. Ou alors un Leashed, comme Apollo, ils sont marrants à démonter. Un solitaire ? Nous verrons bien. Si ça se trouve, je reviendrais sans avoir croisé personne.

Alors que je passe devant une énième maison explosée par le Grand Grognement, j'entrevois un mouvement à l'intérieur. Je fais halte et reviens à un pas plutôt lent. Je ne détache pas mon regard de la porte, qui sait qui je vais trouver, qui fouine à l'intérieur ? Une femelle berger allemand finit par apparaître sur le seuil. Un sourire ténébreux orne sa face, et ma babine se soulève sur quelques crocs pour lui faire comprendre que je déteste cette attitude. Elle a beau être plus grande que moi, je demeure son Alpha (c'est une Fierce, je la reconnais) et elle me doit respect.

La femelle, comme je m'y attendais, finit par s'approcher. Je note son petit sourire en coin alors qu'elle s'assoit en face de moi. C'est bien, elle n'a pas persisté dans sa lâcheté. Enfin, j'appelle ça comme ça ... Je la scrute alors qu'elle m'observe. Je ne saurais déchiffrer son expression.

« Salutations, ô Alpha. »

Que devrais-je entendre par là ? Se joue t-elle de moi ou non ? Je plisse les yeux et hausse les épaules, comme si rien ne m'importait.  

« Repos. »

Incompréhension. Ce sera essayé de faire de l'humour, hein.

« J'déconne. Je lui sourie afin qu'elle comprenne que ce n'était pas vain de me saluer, même si je m'en fiche. Que fais-tu ici ? »

Encore une chose dont je n'ai strictement rien à faire. Quitte à lâcher ma meute - même si je sais qu'ils ont absolument besoin de moi, les pauvres chous - autant faire quelque chose d’intéressant. De toutes façons il n'y a rien à faire au camp.