'CAUSE MY HEART IS CLOSE.

Impossible lève la tête vers le ciel, comme pour que la pluie nettoie son visage. Elle entrouvre la gueule pour que l'eau chasse le goût du sang. De son propre sang. Elle venait encore de rêver de fouet et de violence, mais cet homme qui la frappait possédait des trous béants à la place des yeux et de la bouche, son visage n'était que ténèbres. Lui, n'était que chaos. Son cœur bat encore la chamade, la peur lui noue l'estomac. La seule pensée qui tourbillonne dans son esprit bouillonnant est: Arrête d'y penser. Et elle ne peut pas. La jeune Chasseuse s'éloigne des terres de la meute des Wild pour la centième fois, pour aller défier les ruines de la ville qui était jadis son refuge. Elle s'avance vers le sud, ignorant les ombres et la pluie qui semblent danser sur son visage. Elle claque des dents, le froid la paralyse, mais elle continue de courir. Elle ignore quelques branches qui lui fouettent le visage, elle serre les crocs. Sa peur se change progressivement ne colère, colère contre l'injustice de son passé. Colère contre les hommes, colère contre le monde.

Bientôt Impossible arrive devant les bus. Ils sont cassés, le verre traîne sur le gravier. Tout est sale, c'est la désolation. La jeune chienne s'abrite dans l'un des véhicules. Certains fauteuils de cuire sont déchirés, rongés par les âges. La femelle s'assois sur l'un deux. Le bruit régulier de la pluie lui donne envie de dormir, ses yeux se ferment. Je ne veux pas y retourner... Pense-t-elle, avant de sombrer.

La puissance choc fais trembler les membres d'Impossible. Son maître affiche un sourire inhumain, un rire étouffé s'échappe de sa gorge. Il s'avance vers elle et donne un violent coup de pied dans les côtes de la chienne, elle s'écroule au sol en gémissant. Il lui hurle de se terre et la roue de coups. Il sourit, dévoilant ses dents blanches malgré l'alcool qui lui ronge l'esprit. Ses yeux brillent d'une lueur de folie. Un nouveau rire le fait tousser. Il prend plaisir à la voir souffrir. Ses gémissements sont pour lui le jeu le plus drôle. Cet homme n'a pas de pitié. Cet homme n'a plus rien d'humain.

Impossible se réveille en sursautant. Elle laisse échapper une funèbre plainte avant d'étouffer un sanglot. Elle serre les dents, refusant de pleurer. Elle avait toujours peur que quelqu'un vienne la surprendre et voir ses faiblesses. Elle n'aimait pas dévoiler son cœur. Son cœur est fermé. La pluie ne s'est pas arrêtée, elle continue de cogner contre les vitres encore intactes, coule sur le sol poussiéreux du bus. La femelle se mords la babine. Elle ne sait plus quoi penser, alors elle reste allongée et pense à autre chose. Même s'y elle peine à y arriver, elle se concentre sur l'eau qui coule. Sur la pluie, fruit du ciel. Elle compte les gouttelettes qu'elle perçoit. Un. Deux. Trois. Ces chiffres lui rappellent les coups de fouet. Un nouveau gémissement s'échappe de sa gorge sèche.  

La pluie ruissèle sur les vitres cassées. Les nuages noirs voilent le ciel, le tonnerre ne gronde pas encore, mais il y a des chances qu'un orage éclate. Le vent rugit au dehors des bus en ruines, Impossible observe d'un regarde éteint l'eau sur le siège ou elle est allongée, mais soudain autre chose attire son regard. Une grande boule de poile était à cinquante centimètres environ. La jeune chienne l'observe, de quel meute est-il ? Ou bien est-il solitaire ? L'odeur pluvieuse a effacé celle de l'animal. La Chasseuse se demande si elle doit engager la conversation, elle en a marre de rester seule, harcelée par le fantôme de son maître et de son fouet invisible, alors elle se lève et sors. La pluie lui fouette le visage, elle lève la gueule vers le ciel et savoure la fraîcheur des gouttes sur sa fourrure mouillée. Puis, elle entre dans l'autre bus lentement, de peur d'effrayé l'autre canidé. Elle se place près de lui. D'habitude elle n'est pas très sociable, enfin elle ne se confie pas beaucoup, mais elle peut parler aux autres chiens tranquillement, elle ne dévoile juste rien sur son passé ou ses cauchemars.

« Salut. Je m'appelle Impossible, désolée de t'aborder comme ça, mais je vouais juste savoir qui tu es. »

Ce n'était pas très malin de lui demander ça comme ça, mais elle ne savait pas vraiment comment engager la conversation avec un chien qui lui est étranger. La jeune Wild s'assois sur le sol froid et dur. L'eau qui dégouline de ses poils forme une petite flaque, elle devait sembler petite et frêle avec sa fourrure tricolore plaquée sur le corps. Elle regarde l'inconnu, essaye d'humer son odeur. Impossible se demande aussi quel est son passé, sa vie. Elle se demande si des chiens avaient pu être heureux avec leurs anciens maîtres. Elle avait connu le bonheur avant que tout ne change subitement. L'alcool change les homme. Elle avait appris à l'accepter. Impossible secoue légèrement la tête comme pour arrêter d'y penser et braque de nouveau son regard sur la boule de poile rousse.